FOCUS #8 - AU COEUR DE L'ASSAMBLAGE D'ORION

Depuis la semaine dernière, la série Orion entre en phase d’assemblage chez Ph Saner, dans le Jura suisse. Chaque montre est assemblée et inspectée à la main dans cet atelier familial, où le travail se fait sans chaîne ni automatisation. Du réglage du calibre à la pose du cadran, chaque étape est réalisée par un horloger qualifié, selon un savoir-faire transmis depuis trois générations.

Nous vous emmenons aujourd'hui dans les coulisses de cet assemblage artisanal, au cœur d’un atelier exigeant et discret, pour partager les six étapes qui caractérisent l’assemblage d’une montre.

PH SANER

Une référence discrète du secteur horloger

Fondé par Philippe Saner et aujourd’hui géré par la troisième génération, l’atelier allie tradition artisanale et équipements de pointe. Spécialisé dans les étapes T1, T2 et T3, Ph Saner assemble quotidiennement des mouvements mécaniques pour le compte de maisons indépendantes et de grandes marques établies.

Chaque montre y est montée à la main, de la lubrification du calibre jusqu’à l’emboîtage et inspection finale. Les composants sont contrôlés à chaque étape : réglage du mouvement, pose du cadran, aiguillage, insertion du disque de lune, test d’étanchéité, réglage final. Rien n’est automatisé.

À taille humaine, l’atelier fonctionne sans chaîne de production. Chaque poste est tenu par un horloger qualifié, formé en interne ou issu des écoles du Jura. Cette approche permet un suivi individuel de chaque pièce et une traçabilité complète du montage.

ASSEMBLAGE SÉRIE ORION

Comprendre l'assemblage d'une montre Orion en 6 étapes

1. Préparation et inspection du calibre

Chaque Orion est équipée d’un calibre Sellita SW288-1a, modifié pour intégrer un disque de Lune réaliste. À leur arrivée dans l’atelier, les mouvements sont d’abord inspectés un par un.

L’horloger vérifie la régularité de marche, l’amplitude et la bonne rotation du disque de Lune. Si un défaut est constaté — point dur, décalage ou bruit anormal — le mouvement est partiellement démonté pour correction, puis remis en état de marche. Cette étape garantit que chaque base mécanique est pleinement fonctionnelle avant la suite de l’assemblage.

2. Pose du disque de lune et du cadran

   
   

Le disque de Lune luminescent est d’abord placé sur le calibre. L’horloger le fait tourner manuellement pour vérifier sa fluidité et s’assurer qu’aucun point dur n’entrave le mécanisme. Cette étape permet également d’identifier d’éventuels défauts de surface ou d’alignement.

Une fois le disque validé, une pièce métallique très fine — le clinquant, aussi appelée paillon — est ajoutée. Légèrement courbée, elle évite tout frottement entre le disque et la face intérieure du cadran.

Le cadran est ensuite posé avec précision. Il est fixé au mouvement par deux pieds invisibles, insérés dans des trous usinés à cet effet. L’alignement est rigoureusement contrôlé pour garantir une lecture parfaite et un dégagement suffisant au niveau du disque.

3. Pose des aiguilles

Les aiguilles sont posées à l’aide d’un gabarit de centrage, sur une presse semi-automatique. Chaque montre est positionnée dans un support circulaire usiné sur mesure, qui la bloque fermement et garantit un alignement parfait avec l’axe vertical. Les aiguilles sont installées une par une, dans l’ordre : heures, minutes, puis seconde. La pression est appliquée sans choc ni torsion, pour éviter toute contrainte mécanique sur les axes du mouvement.

L’orientation des aiguilles est ensuite inspectée individuellement. Il est impératif que leur position soit parfaitement coordonnée à 12h00 lors de la pose, sans décalage angulaire. Tout contact, chevauchement ou écart visible entraîne une reprise immédiate de l’opération.

4. Emboîtage

   
   

Une fois le mouvement entièrement assemblé — cadran et aiguilles inclus — il est inséré par l’avant dans la carrure du boîtier. Cette ouverture supérieure, usinée au centième de millimètre, permet un positionnement précis du bloc mouvement-cadran-aiguilles sans contact avec les éléments fragiles.

Le mouvement est ensuite stabilisé par des brides d'emboîtage (petites vis latérales).

Une fois en place, la lunette est ajoutée avec son joint d’étanchéité, puis pressée mécaniquement sur la carrure. Elle vient sceller le cadran tout en garantissant une étanchéité parfaite côté supérieur. Enfin, le fond de boîte en verre saphir est posé à l’arrière, puis fixé par quatre vis serrées individuellement dans un ordre croisé. Un joint circulaire assure l’étanchéité de cette face.

La tige de couronne est volontairement livrée trop longue par Sellita. Une fois le mouvement emboîté, l’horloger l’insère dans le calibre via la carrure, mesure la longueur utile, puis la recoupe avec précision. L’extrémité est polie à la lime pour éviter tout accrochage.

5. Contrôle d’étanchéité

   
   

Avant d’aller plus loin, chaque montre passe un test d’étanchéité. Il s’agit d’un test à sec, sous pression, qui permet de vérifier qu’aucune fuite d’air n’est détectée à travers la boîte, le fond, ou la couronne.

Le modèle Orion est conçu pour résister à une pression de 10 ATM, soit 100 mètres. Ce test est systématique : toute pièce qui échoue est renvoyée à l’étape d’emboîtage pour correction.

6. Contrôle de marche et inspection finale

   
   

Chaque Orion passe un contrôle de marche après assemblage complet. À cette étape, la montre est posée sur un chronocomparateur, un appareil qui mesure la régularité du mouvement en enregistrant les battements du balancier. Les tests sont effectués dans plusieurs positions (cadran haut, couronne haut et bas…) pour s’assurer que le mouvement reste stable quelle que soit son orientation.

PH Saner doit ici s'assurer que les mouvements de la série Orion bénéficient bien d'un réglage élaboré réalisé en usine par Sellita. Ce niveau de finition garantit une déviation journalière contenue dans une plage de ±7 secondes par jour

Pour finir, une inspection visuelle est ensuite réalisée à la loupe pour repérer toute poussière, rayure, ou anomalie sur le cadran et les aiguilles. La phase de Lune est testée dans ses différentes positions via la couronne. Une fois validée, la montre est placée dans un écrin de transport, prête à quitter l’atelier pour nos bureaux en France.